Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares.
C'est-à-dire?
L’agriculture, pour produire, met en œuvre un certain nombre de facteurs : le sol, l’eau, l’énergie, le travail, le capital, l’espace. Un certain nombre de ces facteurs sont abondants et renouvelables, d’autres sont rares et non renouvelables. L’agriculture paysanne adapte ses productions au contexte pédoclimatique. Elle met en valeur les facteurs qui sont abondants et renouvelables, et économise au maximum ceux qui sont rares et non renouvelables. Par exemple, le travail humain, s’il est effectué dans des conditions socialement acceptables, est une ressource abondante, tandis que la substitution du travail en capital exige une grande quantité d’énergie souvent non renouvelable.
Et concrètement?
Prenons l’exemple de l’azote :
Pour pousser, les plantes ont besoin de lumière, d’eau ainsi que de différents nutriments et minéraux (carbone, oxygène, phosphore, potassium, calcium…) dont l’azote. Tous ces éléments doivent être apportés en quantité suffisante à la plante pour assurer son bon développement.
L’azote, élément clé de la croissance des plantes, est présent dans le sol. Les plantes puissent dans cet azote via leur système racinaire pour se développer, ce qui diminue la quantité d’azote contenu dans le sol. Pour assurer la fertilité du sol, il faut donc l’enrichir en azote.
Plusieurs possibilités :
- Utiliser de l’engrais azoté de synthèse
- Utiliser des engrais organiques : fumier, lisier… coproduits de l’élevage
- Cultiver des légumineuses, seules plantes capables de capter l’azote de l’air et d’enrichir naturellement le sol en azote
Or la synthèse chimique d’engrais azoté, si elle utilise l’azote de l’air qui est une ressource abondante (l’air étant composé de 78% de diazote), nécessite beaucoup d’énergie. Cette énergie est fournie par le gaz naturel qui est une ressource rare et non renouvelable, ce qui en fait de surcroit une ressource chère, dont les cours sont annexés aux cours du pétrole.
A l’inverse, les légumineuses telles que le soja, la luzerne ou les trèfles enrichissent le sol en azote via une symbiose avec une bactérie : en échange d’éléments carbonés issus de la photosynthèse, les bactéries fournissent à la plante de l’azote assimilable. Seules des ressources abondantes, naturelles et gratuites sont utilisées : le diazote de l’air et l’énergie lumineuse.