Etre solidaire des paysans des autres régions d’Europe et du monde.
C'est-à-dire?
Chaque paysan du monde est, pour tous les autres, un « autre paysan du monde ». Vis-à-vis de l’autre, chacun peut donc se considérer en compétition ou, au contraire, solide et complémentaire. Une politique agricole qui prône l’agressivité sur les marchés mondiaux pour les productions où elle est excédentaire et le protectionnisme pour celles où elle est déficitaire instaure la compétition entre les paysans du monde, donc à terme la disparition d’une grande partie d’entre eux. L’agriculture paysanne repose sur la solidarité. Celle-ci se base sur deux règles majeures :
- Le droit de chaque peuple, de chaque état du monde d’organiser sa sécurité alimentaire, donc de protéger son agriculture.
- Le droit de chaque paysan, à l’intérieur de chaque été, de participer à la production et à la sécurité alimentaire du pays.
Et concrètement?
Prenons l'exemple de Marc Dufumier expliquant les différences de compétitivité entre un paysan de Casamance et un paysan de Camargue:
- Le paysan de Casamance (Sénégal), qui repique du riz à la main :
Il cultive 0,5 hectare, avec un rendement de 1,1 tonne à l’hectare.
Il produit 550 kilos de riz par an, quantité utilisée en partie pour les semences.
La valeur ajoutée de son travail est donc de 0,5 tonne de riz par actif et par an.
- L'agriculteur de Camargue, qui plante du riz avec son tracteur :
Il cultive 100 hectares, avec un rendement de 5 tonnes à l’hectare.
Il produit 500 tonnes de riz par an, 400 servent à payer les semences, le prix du diesel, des engrais...
La valeur ajoutée de son travail est donc de 100 tonnes de riz par actif et par an.
Il y a donc un rapport de 1 à 200 entre ces deux agriculteurs.
A Dakar, le paysan va essayer de vendre sur le marché le peu de riz qui lui reste pour acheter des produits de première nécessité.
Sur ce marché, son riz est en concurrence avec les autres riz (chinois, thaïlandais, vietnamien...) qui, tous, se vendent au même prix. Or, dans le sac de riz de Casamance, il y a 200 fois plus de travail que dans celui de Camargue. Donc, le paysan sénégalais ne pourra produire assez pour acheter ce dont il a besoin.
Pire : ceux qui s’endettent, à défaut de pouvoir épargner, sont obligés, au moindre accident climatique, de vendre leur terre et de s’exiler en ville.