Initiatives Paysannes Pour des fermes vivantes et diversifiées

Chantier Participatif de plantation d’une haie avec la MFR du Vimeu

Début mars, les élèves de CAP jardinier-paysagiste de la MFR d’Yzengremer se sont retrouvés sur la ferme Le Potager de la Baie de Somme. Un chantier participatif organisé par Initiatives Paysannes et leur professeur afin de planter 520m de haie.

Pourquoi se mettre à l’agroforesterie ?

Romuald plante des haies depuis 4 ans sur cette ferme diversifiée en bio de 45ha (maraichage, grandes cultures, transformation en farine, volailles). Il veut replanter progressivement des haies dans toutes ses parcelles, pour accueillir de la biodiversité, des auxiliaires de cultures, faire barrière aux pollutions extérieures et enjoliver le paysage.

Quelles étapes pour avoir une haie durable et fonctionnelle ?

Avant la plantation Romuald a déployé des bâches biodégradables de maraichage sur le tracé des futures haies, l’idéal étant une bâche qui tient plusieurs années ou du paillage renouvelé annuellement pour limiter la compétition avec les adventices.

Nous avons planté une haie monorang : une essence arborescente (tilleul, charme, érable, pommier et poirier sauvages, bouleau) tous les 4 mètres, qui montera en hauteur. Et entre chaque arbre, 3 arbustes chacun espacé d’un mètre (cornouiller, noisetier, fusain, troène, sureau, viornes, prunellier, néflier). On laisse une bande enherbée d’1m de chaque côté de la haie - voire un talus ou un fossé quand on a la place - pour une meilleure circulation de l’eau et pour créer plus d’habitats d’espèces différents.

Des ballots d’arbres le matin avant leur plantation

La diversité des essences permet d’augmenter la diversité des espèces animales et notamment des insectes qui y séjournent, de répartir la floraison sur l’année pour les pollinisateurs, et donne davantage de chances d’avoir des arbres qui survivent et se développent à long terme dans les conditions de la parcelle, malgré quelques pertes. Pour limiter ces pertes on peut rajouter des protections contre le gibier autour des troncs quand on en a les moyens. La mise en place de la haie va favoriser la venue des oiseaux qui en plus d’être de bons auxiliaires de cultures, vont participer à la diversification et au comblement des trous en déposant des graines.

L’étalement des plantations dans le temps évite que le paysan soit noyé sous le travail de gestion et de taille des haies dans quelques années, et permet aussi de limiter les dépenses importantes. Après la plantation, Romuald continue à s’occuper de la haie pour qu’elle tienne dans le temps et réponde à ses objectifs.

Côté gestion, dès le printemps qui suit la plantation il faut débroussailler pour laisser accéder les arbres à la lumière et éviter la compétition au niveau de leurs racines. On peut dès la deuxième ou troisième année tailler les essences arborescentes pour les inciter à garder un port droit. Sur la ferme, aucune taille n’est réalisée pour l’instant. Dès les 2-3 premières années pour densifier la haie, et plus tard tous les 10-15 ans sur une partie du linéaire pour récolter du bois, on peut faire un recépage des plants. Romuald teste cette méthode de gestion sur une haie ancienne de plusieurs dizaines d’années, dans un but de valorisation du bois, en partenariat avec le PNR de la baie de Somme qui fait venir un prestataire pour les travaux.

On dispose les plants au bon emplacement avant de les planter

Sensibiliser et enseigner les techniques agroforestières

Ces linéaires courts permettent une plantation participative, à la bêche, et de transmettre des connaissances techniques aux futurs paysagistes.
Ce chantier s’inscrit dans un module enseigné par leur professeur référent sur les techniques de plantation d’arbres et de plantes pérennes. L’occasion de découvrir les essences locales et diversifiées et la complémentarité des arbres avec les cultures pour ces élèves qui ont plutôt l’habitude des stages et alternances dans la gestion des espaces verts, la plantation chez des particuliers ou dans des parterres communaux.

En effet, ces haies une fois hautes serviront à limiter le stress des cultures grâce à leur effet brise-vent et à favoriser l’infiltration profonde de l’eau en prévention des sécheresses. Elles ont aussi une action barrière contre l’érosion des sols par le vent et les pluies.

Les 520 mètres terminés, nous avons pu aller jeter un œil à la haie plantée trois ans auparavant par les anciens élèves de la MFR, et regarnir les endroits qui en avaient besoin. Le taux de reprise était de 85%, les causes principales des pertes étant l’enherbement, l’abroutissement du gibier et probablement une exposition accidentelle à un herbicide, sur une partie de la haie, venant de la parcelle d’une ferme voisine.

La haie plantée il y a 3 ans par les anciens élèves

Des élèves motivés, travailleurs et efficaces ! Tout cela sous un grand soleil avec une terre meuble et ressuyée : des conditions idéales.