ADEAR de l’Ariège

Paysanne & maternité

Le 24 juin 2024, l’ADEAR a organisé à Labastide de Sérou une rencontre autour des droits des paysannes lors de la grossesse et de la maternité. La MSA était présente.
Une dizaine de paysannes ont témoigné de leurs difficultés d’accès à leur droits et d’organisation sur les fermes.

Les paysannes ont le droit à un congé maternité de 16 semaines, de même durée que les salariées, seulement depuis 2008. Ce droit a été gagné en 1980 pour les salariées du régime général.
Karine Astre, de la MSA est intervenue afin d’en rappeler les modalités d’accès. Le congé maternité correspond à une allocation qui couvre la totalité des frais de remplacement pendant 16 semaines, à hauteur de 70 h / semaine maximum. En effet, depuis 2019, les paysannes ne sont plus redevables de la CSG et de la CRDS.
Il n’y a pas d’indemnité journalière sauf dans le cas où un·e remplaçant·e n’a pas pu être trouvé (63 € / jour). Le congé pathologique existe aussi et donne accès aux indemnités maladies « Avant la date de mon congé maternité, ça devient déjà dur de porter les ruches ».
Ce droit implique néanmoins une charge mentale pour la paysanne. « Tu es en congé mat, on te remplace sur la ferme mais finalement tu gères plusieurs salarié.e.s et de la paperasse donc tu travailles quand même ! »
Afin de bénéficier de cette aide, il faut avoir cotisé à l’AMEXA pendant 10 mois, c’est-à-dire être cheffe d’exploitation, conjointe collaboratrice ou aide familiale. Les cotisantes de solidarité, qui n’ont pas d’autre statut, n’ont le droit à rien. « Elle ne peuvent compter que sur elle-même et sur leurs proches  ».
Dans certains cas, et notamment dans les situations moins communes dans des parcours à l’installation, les droits ne sont pas alloués. « C’est violent de ne pas trouver de réponse claire et de ne pas avoir de ressources quand tu as accouché, que tu allaites, tu es fatiguée, tu ne dors pas et que tu passes des heures à essayer de démêler ta situation pour avoir accès à tes droits »
Le congé parental est aussi accessible aux paysannes et paysans mais généralement peu mobilisé car il implique une radiation de la MSA pour un congé à taux plein et de justifier une baisse de revenu sur la ferme pour un congé à temps partiel. De plus, les indemnités sont très faibles.

La répartition genrée des tâches
Les paysannes ont toutes évoqué la difficulté d’organiser le travail à la ferme et le quotidien avec les enfants. Les moyens de garde ne sont pas toujours présents sur le territoire. Et quand elles reprennent le travail, ce sont souvent elles qui se rendent disponibles pour les enfants et les tâches domestiques pour répondre à un certain besoin d’efficacité et au manque de temps. « Dans un GAEC en couple, le risque est de perdre le fil et de se retrouver assignée à certaines tâches. Ça peut poser problème. Et l’autre est aussi surchargé de travail sur la ferme  ».
Certaines paysannes prennent leurs enfants partout avec elle sur la ferme pour pouvoir travailler en porte bébé ou sécurisent des espaces de jeux. Ce n’est pas toujours possible selon la fatigue, selon le bébé. « C’est aussi difficile de ne faire que garder les enfants, on a l’impression de pas avancer sur nos projets. C’est frustrant ».
Il y a aussi des choix techniques à faire. « On peut choisir de commencer à 8h30 et terminer à 17h sur la ferme pour pouvoir être avec les enfants. Ce sont des choix de vie et de travail. La traite c’est à 8h30 et les brebis s’adaptent, pas les enfants  ! ». Le collectif en dehors du couple permet de sortir de la répartition genrée et apporte un réel avantage, il y a de la flexibilité et de l’entraide.

Les paysannes qui pratiquent un métier physique, aux horaires importants, impliquant des ports de charge lourdes et une charge mentale importante sont d’autant plus impactées par un manque de protection sociale et victimes du modèle patriarcal. Les luttes pour que les droits au congé maternité et parental soient effectif et protecteur ne sont pas terminées.