Publié le 19 juillet 2023
Source : La France Agricole - Oriane Dieulot

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Autour de salades, de rillettes et de cidre, des porteurs de projet et des cédants se retrouvent pour parler d’installation et de transmission. Exemple dans l’Eure-et-Loir où l’Adear 28 anime ces événements conviviaux qui portent leurs fruits.

« L’objectif est de briser la glace, de créer du lien. » Ninon Kratchkovsky, animatrice de l’association pour le développement de l’emploi agricole et rural de l’Eure-et-Loir (Adear 28), coordonne des apéritifs entre porteurs de projet et cédants pour discuter d’installation et de transmission. Le plus souvent organisés dans des fermes, ces moments de partage entre agricultrices et agriculteurs du territoire ont déjà fait leurs preuves.

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« Les cédants craignent de dire qu’ils n’ont pas de repreneurs »

Depuis son arrivée à l’Adear 28 en 2021, Ninon Kratchkovsky a attablé une centaine de personnes. Sept « apéros installation-transmission » plus tard, l’animatrice explique combien ces initiatives locales contribuent à délier les langues. Autour d’une table, paysannes et paysans se rencontrent, retracent leur parcours, exposent leur projet et créent ainsi leur réseau.

« Ces apéros ont un double objectif, explique Ninon Kratchkovsky. Aider les porteurs de projets non issus du milieu agricole à se faire connaître, et créer un lieu d’écoute pour les cédants. » La transmission reste un sujet tabou, d’autant plus dans l’Eure-et-Loir où la pression foncière est plus forte qu’ailleurs, constate l’animatrice. « Les cédants craignent parfois de dire qu’ils n’ont pas de repreneurs pour leur exploitation, de peur que des voisins rachètent leurs terres qu’en vue d’un investissement foncier. »

Des ateliers pour apprendre à se connaître

De ce constat est née l’idée des « apéros installation-transmission ». Dans l’Eure-et-Loir, ces événements conviviaux ont lieu quatre fois l’an depuis 2018 et réunissent entre dix à quinze personnes autour d’une table, de préférence, à la ferme. « Je suis toujours présente car je crée une animation de départ pour qu’ils fassent connaissance », relate Ninon Kratchkovsky.

« Au début de juin, lors du dernier apéro en date, j’ai demandé à chacun de se positionner sur une carte pour montrer d’où il venait. Ça permettait de se présenter. Ensuite, si on est à la ferme, il y a une visite qui dure environ une heure où tout le monde peut poser ses questions. Sinon, il y a un témoignage, ou je pose une question et je demande d’y réfléchir en petits groupes. »

Des chips, du pâté et des rillettes

Ces apéritifs de partage ont tous une thématique centrée sur l’installation et la transmission. « La dernière fois, c’était le maraîchage, précise Ninon Kratchkovsky. Mais l’idée est de mélanger les filières pour que tous se rencontrent. Beaucoup de céréaliers, par exemple, ont envie de recruter des maraîchers sur leurs terres. Donc on ne s’enferme jamais dans une filière spécifique, au contraire. »

« J’ai vu des porteurs de projet bien mieux intégrés dans un réseau, des paysans voisins qui se sont enfin parlé.  »

Après la visite à la ferme, sonne l’heure de l’apéritif. « On ouvre les paquets de chips, les pots de rillettes et de pâtés, on sort les salades, les quiches et les cakes et on ouvre du cidre ou du vin pour dîner ensemble, raconte l’animatrice, qui planifie déjà le prochain apéro installation-transmission à l’automne. L’objectif est vraiment que tout le monde se
rencontre. J’ai vu des porteurs de projet bien mieux intégrés dans un réseau, des paysans voisins qui se sont enfin parlé, se réjouit-elle. Ça porte ses fruits ! »
Oriane Dieulot