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Des apéros organisés en Eure-et-Loir pour faciliter l’installation des agriculteurs

[Extrait] L’ADEAR 28 accompagne l’installation et la transmission en agriculture en organisant des « apéros-installation », entre les porteurs de projets et les cédants.

Fin de journée à Droue-sur-Drouette. Quasi l’heure de passer à table. Au fond du jardin, le cerisier fait encore un peu d’ombre sur la dizaine de personnes qui discute.

On pourrait croire à des retrouvailles entre amis. On pourrait aussi croire à un apéro en famille. Pourtant, rien de tout ça. Personne ne se connaît mais tous ont l’amour du monde agricole en commun.

Publié le 18/07/2023 à 22h26
Jade Sauvée

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L’ADEAR 28 accompagne l’installation et la transmission en agriculture en organisant des « apéros-installation », entre les porteurs de projets et les cédants.

Fin de journée à Droue-sur-Drouette. Quasi l’heure de passer à table. Au fond du jardin, le cerisier fait encore un peu d’ombre sur la dizaine de personnes qui discute.

On pourrait croire à des retrouvailles entre amis. On pourrait aussi croire à un apéro en famille. Pourtant, rien de tout ça. Personne ne se connaît mais tous ont l’amour du monde agricole en commun.

Un échange entre anciens et nouveaux passionnés, organisé pour faciliter la transmission, répondre aux questions et chasser les interrogations. Bières décapsulées et chips sur la table ouvrent l’appétit, mais aussi la discussion. "Nous allons commencer par faire un jeu, pour savoir d’où l’on vient. Ensuite, on entrera dans le vif du sujet", prévient Ninon Kratchkovsky, animatrice de l’association pour le développement de l’emploi agricole et rural d’Eure-et-Loir (ADEAR 28), qui lance la séance. Puis tour de table. "Enfin, plutôt tour de jardin", pour se présenter.

"Jamais un métier qu’on lâche complètement"

Certains ont tout juste le brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) en poche, d’autres se projettent en 2025. L’un d’entre eux, Gilles, 62 ans, est dans sa dernière ligne droite avant la retraite. La transmission familiale s’arrêtera là, puisqu’aucun de ses enfants ne s’est lancé dans l’agriculture. "Mais ce n’est jamais un métier qu’on lâche complètement."

Un forum pour encourager les agriculteurs à penser leur retraite et la transmission de leur exploitation en Eure-et-Loir

Comme des airs "d’agriculteurs anonymes", chuchote l’un des participants. Des réunions de ce genre, "des apéros-transmission" l’ADEAR en organise quatre par an sur l’ensemble du département. Celui-ci porte sur le thème du maraîchage.

l’animatrice de l’association explique :

"On essaie d’offrir un espace convivial, de mettre en lien des anciens avec des nouveaux ou futurs agriculteurs. Souvent, ce sont des personnes en reconversion professionnelle qui ne connaissent les rouages de l’agriculture que par les études qu’ils ont pu reprendre. Ça peut ouvrir un réseau, créer des contacts et avoir un avant-goût du terrain."

Ninon Kratchkovsky (animatrice de l’association)

Parce que, dans l’agriculture, les terres se transmettent bien souvent de bouche-à-oreille.

Créer son réseau

"Et en Eure-et-Loir, les prix atteignent des sommets", déplorent Émeline, 32 ans, et Raul, 42 ans.

Pourtant, le couple est prêt à tout quitter pour vivre de sa passion. Émeline est chimiste depuis dix ans et s’est vite rendu compte :

"Le plan de carrière n’est pas séduisant. Je sais quels sont les sacrifices que demande le métier d’agriculteur. Mais quitte à faire quelque chose toute ma vie, autant faire un métier que j’aime."

Emeline (chimiste en reconversion dans l’agriculture)

Deux ans qu’ils mûrissent le projet mais que rien ne bouge. Par manque d’expérience professionnelle, les banques ne suivent pas. "Et le manque de réseau aussi ne nous aide pas. Un premier rendez-vous entouré d’une dizaine d’exploitants, ça remet les idées en place, et ça nous conforte dans l’idée de faire le grand saut."

Émeline commencera en salariat, "pendant une dizaine de mois, avant d’essayer d’ouvrir un cheptel caprin d’une cinquantaine de chèvres".

Eure-et-Loir : la transmission des exploitations agricole s’anticipe des années avant le départ à la retraite

Les autres participants en ont bien conscience : s’installer aujourd’hui demande du temps, de l’envie et une motivation mise à rude épreuve. Plus discret, dans son coin, Nicolas, 43 ans, n’en pense pas moins. Ce genre de rendez-vous est une "excellente idée. Moi aussi j’avais besoin qu’on me rassure avant de me lancer."

Installé en maraîchage bio depuis trois ans, à Écrosnes, Nicolas a hérité de quelques terres que possédait son grand-père avant lui. "C’est un métier complet et prenant, aussi bien dans la charge de travail qu’administrativement. En parler, c’est le meilleur moyen de mieux appréhender ce vers quoi on se prépare à aller, et tout quitter."

Pratique. ADEAR 28, 5, rue Camille-Claudel, Le Coudray. Service installation transmission : 07.69.10.53.19. D’autres “apéros-transmission” sont à venir cet été.

Jade Sauvée

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