TÉMOIGNAGE d’une paysanne en élevage bovins et ovins en bio
"Enfance et adolescence citadine passionnée d’élevage en tout genre. Mes débuts d’élevage d’escargots sur le balcon de la cité faisaient rigoler les voisins.
Je suis arrivée dans le Berry il y a plus de 20 ans avec 4 chevaux, un chien, un chat, une voiture et un camion.
En 2014, au décès du père de mon enfant, j’ai racheté sa ferme et me suis installée à titre principal en production de veaux sous la mère, bœufs, génisses, vaches finies et agneaux viande en bio avec une partie de la production valorisée en vente directe.
Ce qui m’a semblé le plus irréalisable était l’installation hors-cadre familiale d’une bi-nationale plutôt que mon genre. En effet, grâce à ma jeunesse dans une cité du 93, j’avais parfaitement intégré que les inégalités sociales n’ont pas de genre. Femme ou homme, être issu de l’immigration peut être un sacré handicap.
Le soutien et l’entre-aide agricole du voisinage m’ont démontré que le genre et l’origine ne sont pas un frein mais peuvent être une force et permettre une grande ouverture d’esprit.
En 2019, mon ex-conjoint s’est installé sur la ferme, comme conjoint-collaborateur, en brebis laitières avec vente du lait à une fromagerie locale. La charge de travail était telle par rapport au revenu que nous avons arrêté cet atelier pour revenir aux brebis viande. Il me semble qu’à ce moment-là le travail du conjoint homme était plus mis en avant mais je pense (encore maintenant) que c’était plus lié à sa personnalité qu’à son genre.
Après un burn-out en 2020, j’ai progressivement changé ma vision de la ferme. Départ du conjoint-collaborateur, vente de la moitié du cheptel, semaine de 35 heures (hormis pendant les fenaisons) et vacances. Après 9 ans d’exploitation, j’ai atteint un rythme de croisière et, hormis pour la moisson, je fais tous les travaux seule. Nous nous organisons entre voisins pour les vacances. Plus récemment, j’ai mis une partie de la ferme en vente et ai repris des études. Mon objectif est de faire un doctorat en production animale en zone désertique.
Je préfère m’impliquer dans le réseau d’entre-aide local plutôt que militer pour des causes nationales car l’humain et le présent me semblent plus importants et accessibles que des idéologies. Les deux sont complémentaires et aident aux changements des mentalités dans la société."
Katia-S Kaaniche
Si vous souhaitez témoigner de votre expérience, vous pouvez écrire à l’adresse communication@ardearcentre.org
Pourquoi un appel à témoignages ?
– Pour faire suite au #8mars : journée internationale de lutte pour les droits des femmes
– Donner de la place et de la visibilité aux paysannes pendant tout le mois de mars (et après !)
– Mettre en récit la pluralité des parcours des femmes paysannes Retour ligne manuel
– Proposer de nouveaux imaginaires et permettre aux femmes et minorités de genre qui souhaitent s’installer de s’identifier et s’inspirer !
Merci à nos financeurs :
Ferme de la Troupe Kaley : Les Petites Maisons 18170 Loye-sur-Arnon
La ferme, située dans le Berry, a le label agriculture bio : élevage et culture respectant l’environnement et la biodiversité, production menée de manière durable. L’élevage y est de type extensif, l’accent est mis sur le bien-être animal