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Les sœurs des 13 blés et Anaïs et Raphaël des jardins du grand chêne expliquent leurs parcours

Dans le cadre du documentaire "Les sœurs 13 blés", nous avons rencontré plusieurs agricultrices de Centre-Val de Loire qui nous expliquent leurs parcours.
Justine, Sandie et Anaïs : les sœurs Floquet mais aussi Anaïs et Raphaël : les jardins du grand chêne

La ferme des sœurs Floquet avec un bel arc-en-ciel • © France Télévisions

Peut-être connaissez-vous la fromagerie des 13 Blés ? Située à Loye-sur-Arnon près de Saint-Amand Montrond dans le Cher, ces trois sœurs cogèrent cet espace de vente.

► Voir le documentaire "Les soeurs des 13 Blés" :

L’histoire commence en 2013 avec Justine. Elle se lance dans des études agricoles et s’installe dans l’élevage de chèvres. Elle s’associe ensuite avec un fromager en 2014. Mais cela ne dure qu’un an. Se retrouvant seule, ses sœurs décident de venir la soutenir.

Ainsi Anaïs, après des études de vitrailliste et de souffleur de verre, se découvre une passion pour le fromage. En 2016 elle rejoint l’aventure des 13 Blés. Aujourd’hui c’est la reine de l’affinage ! Multifonction, elle arrive à concilier sa vie de famille (maman de 3 enfants) et sa vie d’agricultrice. Avec son compagnon installé lui aussi à la ferme, ils élèvent également des porcs et des poulets de chair.

La petite dernière, Sandie, s’est d’abord formée au droit à l’environnement. Aujourd’hui elle cultive en bio des céréales, des oléagineux qu’elle transforme en farines (blé, petit épeautre) et en huiles (tournesol, lin et chanvre) sous la marque Le chant des champs. Elle fournit alors le fourrage qui alimente les chèvres de ses sœurs et produit l’orge qui sert à la fabrication des Trinquettes, les fameuses bières de son compagnon Eloi Soulez. Une véritable affaire de famille !

Les parents ne les voyaient pourtant absolument pas dans ce milieu. Leur père, ancien agriculteur, est le premier étonné. "Elles ne venaient pas trop m’aider à la ferme", explique t-il. Il note aussi qu’elles ne pratiquent pas l’agriculture de la même façon ; qu’elles sont venues avec leurs idées.

En effet, c’est à l’école que Justine prend conscience des nouvelles pratiques. Elle se rappelle que ses professeurs, à Rennes, étaient très ouverts au bio. "À l’époque on parlait d’agriculture durable, c’était il y a 15 ans déjà". Tous (à 90%) fils ou filles de paysans n’avaient eu que leurs parents pour exemple. Cette ouverture des mentalités était une révolution et aujourd’hui un atout. Dans sa ferme, elle fait à sa façon mais n’oublie pas ce que lui a enseigné son père, "sur la gestion du troupeau on a rien inventé".

Mon père me disait un bon éleveur est avant tout un bon observateur et du coup, il m’a appris à regarder un troupeau, à comprendre, comment ils évoluaient entre eux, comment on évoluait avec eux. C’est l’œil, cet œil aguerri en fait et l’éleveur qui doit tout en observant son troupeau, voir s’il y a un problème ou si tout le monde va bien.
Justine

Lorsque Justine a voulu trouver une ferme, cela n’a pas été de tout repos. Elle souhaitait reprendre celle de ses grands-parents mais sans succès. C’est Marcel, un membre de leur famille, qui l’a emmenée à la ferme de la Place en lui disant : "il y a cette ferme-là, il y a 40 hectares autour, des bâtiments. À mon avis, c’est ce que tu recherches, ça va te plaire". Et ce fût le coup de foudre.

Le propriétaire n’était autre qu’une femme que tout le monde disait "pas facile". Pourtant... tout s’est bien passé. Coup du sort ou solidarité féminine, à vous de juger ! Tout ce que nous savons c’est que Mademoiselle Anne accepta de lui vendre les bâtiments et de lui louer les terres parce que "tu es une fille et que tu vas t’installer en bio".

Il a fallu montrer deux fois plus ce que l’on savait faire et ce dont on était capable.
Justine

Elle reconnait cependant que, leurs caractères et l’ancrage qui existait de par leur père dans le Berry, cela a été plus facile de s’installer. Ses copines agricultrices ont moins de chance. Des réflexions et des considérations persistent toujours.

Anaïs et Raphaël : les jardins du grand chêne

Ce couple s’est installé non loin de la fromagerie des 13 Blés. C’est Anaïs qui a eu le déclic en premier pour l’agriculture. "J’ai toujours voulu travailler dans la nature, j’avais envie de m’installer en maraîchage". Sortie d’un BTS Gestion de protection de la nature et d’un titre homologué de jardinier botanique, elle travaille dans le milieu jusqu’à ne plus supporter les directives de ses patrons. "J’en ai eu marre que l’on me dise quoi faire, je n’étais pas en accord avec les idées de mon patron. Je voulais faire mes choix, pour moi et faire ce que j’avais envie".

L’idée de passer à son compte lui vient comme une évidence, mais pour son compagnon travaillant dans le cinéma d’animation, pas forcément. C’est en pratiquant le woofing que l’idée a germé un peu plus dans son esprit et qu’il a fini par accepter le challenge.

Ce qu’il y a de bien avec le woofing ou les stages c’est que l’on peut découvrir plusieurs façons de travailler. J’aime visiter d’autres fermes et échanger avec d’autres producteurs. Il nous vient des idées que l’on aurait pas eu tout seul.
Anaïs

C’est dans le Berry qu’ils posent leurs valises en janvier 2018. Tout de suite ils font la connaissance des 3 sœurs Floquet qui deviennent revendeuses de leurs produits en plus de la vente à la ferme.

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